Qui ou qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous engager dans cette carrière, pour arriver là où vous en êtes aujourd’hui ?
Je viens de la Côte atlantique. J’ai toujours été en contact avec les métiers liés à la mer. Quand j’étais très jeune, je faisais de la voile tous les étés à l’île d’Oléron et je voulais travailler dans le secteur maritime. C’est ainsi que j’ai rejoint la Marine nationale pour travailler dans l’électronique aéronautique navale. Comme les femmes commençaient à peine à être acceptées à bord, j’ai quitté l’armée pour changer de vie et pouvoir fonder une famille. Après une reconversion réussie en ressources humaines, j’ai occupé des postes dans diverses entreprises dans différents secteurs d’activité avant de revenir avec bonheur dans le domaine naval, ma passion, chez MB92.
Avez-vous rencontré des problèmes sur votre lieu de travail ?
Malheureusement, nous voyons encore parfois dans notre chantier naval des comportements sexistes tels que des commentaires inappropriés, mais ce comportement est devenu de plus en plus rare au cours des cinq dernières années. Je pense que le mouvement #Metoo y est pour quelque chose.
Pour ma part, j’ai l’habitude de travailler dans un environnement masculin depuis le début de ma carrière et je suis heureuse de voir que les choses sont en train de changer.
Quels progrès (s’il y en a) constatez-vous dans le secteur ?
Depuis l’année dernière, le gouvernement français oblige les entreprises de plus de 50 salariés à publier un index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. MB92 La Ciotat a obtenu cette année la note de 94/100, ce qui est vraiment très satisfaisant pour une 2e année de classement. Ce score est calculé selon 4 critères : l’écart de rémunération, l’écart d’augmentation de salaire, l’augmentation de salaire au retour du congé maternité et la représentation des femmes aux postes de direction.
L’année dernière, la représentation des femmes dans l’entreprise était de 26% contre 18% en 2019, un bon chiffre pour notre secteur mais il reste néanmoins une grande marge de progression.
Nous essayons activement de féminiser l’entreprise afin de réduire l’écart, mais ce n’est pas si facile car nous évoluons dans une industrie qui attire peu de femmes. Nous avons donc un vrai travail de communication à mener auprès de jeunes femmes qui ne sont pas familiarisées avec ce secteur et ses métiers, lorsqu’elles sont sur le point de faire des choix de carrière importants. À l’heure actuelle, elles ne sont pas suffisamment informées sur notre industrie ou en ont une fausse image et elles ne sont souvent pas suffisamment orientées vers les métiers techniques. Malheureusement, les actions que nous avions prévu de mener dans les écoles de notre région pour améliorer cette situation ont dû être reportées à cause du Covid…
Il est particulièrement difficile de recruter des femmes dans nos métiers techniques ou dans la gestion de projets car très peu de femmes postulent. Néanmoins, certaines femmes occupent des rôles opérationnels importants sur notre chantier naval comme Marion Gornet (Responsable des Equipes Projets/partie Finances), Marie Hercelin (Chef de Projets Senior), Charlotte Dimet (Administrateur des Equipes Projets) et au sein du comité exécutif dans lequel il y a deux femmes, la directrice financière Stéphanie Dem et moi-même.