27 juin 2021

Le dernier épisode en date de notre série “La passion de la mer”, qui met en lumière les personnes talentueuses et expérimentées de notre équipe, vous présente Carlos Martinez, maître de port chez MB92 Barcelone. Carlos Martinez possède les connaissances et l’expérience fondamentales à la planification et à la coordination chaque année d’une cinquantaine de mises en cale sèche et de levages sur le site de Barcelone. Ayant vécu ces manœuvres aussi bien côté propriétaire que côté opérateur, il sait faire preuve de sollicitude et de compréhension, ce qui est un facteur-clé pour réussir une communication opérationnelle, efficace. Ce peut être décisif pour les clients.

Qu’est-ce qui vous a poussé à bâtir votre carrière dans ce secteur ?

J’ai grandi à Madrid, très loin de la mer, mais enfant, je passais mes étés à Santander. Là, j’ai été frappé par les navires marchands, ne serait-ce que leur taille (je n’arrivais pas à comprendre comment ils pouvaient flotter). Aussi, lorsque j’ai compris que je n’étais pas fait pour une carrière scientifique, j’ai repensé à ces souvenirs d’enfance émerveillés et j’ai tenté l’aventure d’un parcours professionnel en lien avec la mer. J’ai donc suivi une formation d’officier de pont.

Quel est votre parcours ?

J’ai démarré ma vie professionnelle à bord de navires marchands et, lorsqu’après 6 ou 7 ans de navigation j’ai atteint le grade de second, j’ai rejoint la terre ferme au terminal conteneur de Barcelone. J’étais spécialisé dans les cargaisons non-standard et mon rôle consistait à planifier et organiser le chargement et le déchargement de cargaisons, ce qui m’a apporté une autre perception du stress et une autre appréhension de la stabilité des navires. J’y ai passé 4 ou 5 ans avant de rejoindre Union Naval, puis je suis entré chez MB92 Barcelone, en tant que maître de port. J’ai appris sur le tas et j’ai eu la chance de bénéficier largement de l’expérience des gens qui m’entouraient, ce qui a été primordial pour moi. C’est la raison pour laquelle, au cours de mes 11 années ici, j’ai toujours encouragé le partage d’expérience.

 

Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

Lorsque j’étais au terminal conteneur, au bout d’un moment, mon rôle est devenu répétitif. Finalement, lorsque vous avez acquis une bonne maîtrise des aspects techniques, le challenge n’est plus le même. Travailler avec des yachts est totalement différent. Par exemple, le fait de préparer un ber nécessite une approche distincte à chaque levage, sans compter les différences entre cale sèche et quai flottant, ou encore l’impact du vent sur le shiplift, que l’on doit calculer. En fait, pour moi, la variété des défis est un facteur important.

Par ailleurs, de nombreuses compétences différentes sont nécessaires à chaque levage et le fait d’être en contact avec autant de grands professionnels est un réel plaisir. Du travail de menuiserie à la préparation des taquets-coinceurs, à notre équipe qui gère les branchements électriques, en passant par les plongeurs expérimentés. De nombreuses choses ne sont pas visibles, mais constituent des atouts précieux pour réussir chaque manœuvre. De nombreuses compétences différentes sont nécessaires à chaque levage et le fait d’être en contact avec autant de grands professionnels est un réel plaisir.

De nombreuses compétences différentes sont nécessaires à chaque levage et le fait d’être en contact avec autant de grands professionnels est un réel plaisir.

Comment définiriez-vous l’excellence ?

Personnellement, je crois que la recherche de l’excellence est ce qu’il y a de plus important. Il n’y a pas de manœuvre 100% parfaite, il y a toujours des marges d’amélioration. L’une des choses auxquelles j’accorde beaucoup d’importance au sein de mon équipe est le souci constant de s’améliorer et d’apprendre. Même si les principes de base du métier n’ont pas changé depuis mes débuts, nous avons connu de tels changements en termes de taille et de conception des superyachts au cours des 20 dernières années, changements qui vont se poursuivre, que nous ne pouvons pas nous permettre de nous reposer sur une routine.

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour réussir à ce poste ?

Tout d’abord, il faut aimer ce métier. La veille d’une manœuvre, je retrouve toujours cette tension « d’avant match » que j’ai ressentie lors mon premier levage. Cela vient de ma passion pour ce métier et du désir que l’équipe donne le meilleur d’elle-même. À ce poste, vous êtes un des éléments d’une équipe qui doit travailler de concert pour obtenir des résultats. Par conséquent, la capacité à diriger une équipe est également un facteur primordial de réussite. Savoir à quel moment stimuler, encourager ou communiquer efficacement dans des conditions stressantes est une qualité essentielle pour être un bon leader. Enfin, l’expérience du bord est utile pour comprendre les besoins des capitaines et des équipages, pour parvenir au meilleur résultat lors de chaque manœuvre.

 

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière dans le secteur ?

La patience. Le meilleur conseil que j’ai reçu était d’observer et d’apprendre plutôt que de se précipiter. On m’a souvent dit, à mes débuts, d’aller simplement observer les manœuvres afin d’avoir une meilleure vision d’ensemble. Nous pouvons parfois être impétueux, notre envie de nous lancer bille en tête peut nous faire rater des détails importants.

 

Selon vous, à l’avenir, quelles innovations auront une influence sur votre poste ?

Sur un yacht, tout est sur mesure. Les clients nous fournissent un plan de carénage et le carnet de stabilité du navire avant la plupart des manœuvres. À l’avenir, je suis sûr que de plus en plus d’informations seront disponibles via des plateformes numériques (semblables à celles qui fournissent des données détaillés utilisées par les terminaux conteneurs). La technologie et les logiciels soutiendront ce processus, notamment pour la conception, la réalisation des bers et la planification des manœuvres.